DE L'A.C.C.F.AU YOGA.

 

De l’ACCF au Yoga


( nota : je ne fais pas la promotion du yoga, juste le partage, sans prétention , d’un cheminement personnel pour lequel l’ACCF et la SNCF ont joué un rôle important. Il existe d’autres disciplines, traditions toutes aussi bénéfiques. Par exemple, un temps, j’ai apprécié la pratique du QI Qong en plein air.

Sachons également, que c’est un Yoga adapté qui est pratiqué en Occident.

Pour ne pas alourdir le texte, je n’explicite pas le sens des concepts, la biographie des auteurs, consultables sur internet ).

Au début de l’Amicale, nous avons organisé des entraînements collectifs en forêt du Rouvray. Bien informé et méticuleux dans sa préparation, Daniel Hamel nous a initiés aux étirements, en prévention des problèmes musculaires, articulaires, vertébraux. Les articles sur le sujet, dans les revues de courses pédestres, ont renforcé mon intérêt pour ces exercices.

Un jour, sur un étalage de marché, je suis attiré par un livre sur le Yoga et la maternité ( je dois beaucoup à la Femme ! ). En le feuilletant, j’ai l’impression que les exercices d’étirements sont inspirés de certaines postures de Hatha Yoga. Je me demande s’il ne serait pas intéressant d’allez voir la source de ces techniques.

Je m’inscris aux cours de yoga de ma ville, puis je découvre les séances proposées au centre de loisirs des cheminots. La pratique me plaît, au point d’acheter un livre de vulgarisation.

La perspective de partir jeune en retraite, me pose la question de mon utilité sociale, pendant cette future «inactivité » chargée de potentialités inconnues bonnes ou mauvaises. L’idée de me sentir utile à la société, en enseignant le Yoga que je trouve si positif, me gagne.

La professeure du centre de loisirs me recommande l’EFY située rue Aubriot à Paris. Je profite d’un découché pour voir l’établissement, et prendre un dossier d’inscription, dans le projet d’un congé AGECIF.

Dès l’entrée dans les locaux, un poster sur Jung m’interpelle. Mes connaissances en psychanalyse se limitaient à Freud. Sitôt rentré chez moi, je consulte mon encyclopédie. Je suis particulièrement frappé par le concept d’individuation qui semble étonnamment me concerner. Je suis dans la tranche d’âge, je me sépare de ma concubine, je cherche du sens à ma vie…..

 Les diplômes d’enseignant de Yoga ne sont pas reconnus à l’époque, je ne peux pas prétendre à un financement AGECIF. Je réussis à contourner l’obstacle, grâce à une lettre de recommandation du sympathique directeur

du centre de Loisirs, pour lequel je pourrais animer un cours de Yoga si je suis diplômé. Finalement, mon dossier est accepté, 900 h de cours, étalées sur 4 ans, effectuées le week-end, et un stage annuel. La formation n’est pas dogmatique avec ses quatre approches et comprend en plus de la pratique corporelle, des cours théoriques sur les traditions spirituelles, l’anatomie, la diététique… etc. Je m’accorde avec le bureau de commande, pour traduire ces 225h annuels en une trentaine de congés formation. En semaine, les cours de yoga de l’école, sont ouverts aux élèves des week-ends. Ma carte de train sera précieuse pour ces multiples déplacements.

L’entrée en formation est conditionnée par la réussite à un stage probatoire. L’école y vérifie notre aptitude à suivre le cursus, et présente les 4 lignées de Yoga enseignées.

Chaque lignée, a une démarche particulière pour vivre, enseigner les postures ( appelées asanas ). Tout élève doit en choisir 2, et les suivre pendant toute sa formation. Pendant cette probation, un des candidats attire ma curiosité sur le maître spirituel K.G. Durkheim qui influence une des lignées. Je me procure un de ses livres. J’y lis que chaque humain est animé par « un être existentiel et d’un être essentiel ». Cette idée bouscule mes conceptions qui mélangent des rudiments de matérialisme, de marxisme, de freudisme, de Sartre, de sciences. Intrigué, je prends la lignée Durkheim, et j’ajoute la lignée Madras.

Ma vision sportive, gymnique du yoga s’effondre.

Mon sommaire bagage philosophique athée se voit confronté à la spiritualité orientale ! Du coup, j’ai une boulimie de lecture sur le sujet, plutôt que d’étudier les asanas, l’anatomie. Insatiable.je complète la formation par des stages initiatiques, des sessions de méditation, des colloques.

  Je passe du monde masculin des roulants, au monde à dominante féminine du Yoga. Je me sens bien avec toutes ces femmes intéressantes en chemins d’évolution, je ne compte pas tous mes coups de cœur platoniques !

 La « lignée Durkheim » a la particularité de promouvoir la méditation zen, le concept de Hara, et insiste sur la nécessité de travailler sur sa psychologie, ses «ombres ». La professeure qui a travaillé avec Durkheim dans son centre en Allemagne, me conseille une thérapeute sur Paris. Je prends un rendez-vous, conscient de ce mal être qui m’empoisonne l’existence, depuis toujours. Dès la première séance, la relation thérapeutique proposée ne me convient pas, j’ai trop l’orgueil, l’illusion de pouvoir m’en sortir par l’auto analyse !

 Les stages offrent un contexte stimulant, chaleureux qui met la personne en état d’ouverture psychologique. Plusieurs fois, des exercices initiatiques ont fait remonter des émotions, ont réouvert des blessures refoulées qui m’ont permis d’avancer sur mon chemin….

 J’étais embarrassé par la relation forte de Maître à Disciple si présente dans les traditions spirituelles. Heureusement, je découvre Krishnamurti qui s’oppose aux Gourous, prône la démarche individuelle, singulière de connaissances de soi, de relation à l’autre, au monde. Un maître tibétain dont j’ai oublié le nom, parle de la possibilité d’un matérialisme spirituel, mon athéisme se voit conforté.

 En fin de compte, j’ai vécu cette formation comme un chemin de développement personnel, j’ai négligé l’objectif du diplôme. En plus, je ne me sentais pas la stature d’un professeur de Yoga, dont j’ai idéalisé les qualités requises.

Puis, l’engagement dans une famille recomposée, du bénévolat associatif m’ont éloigné complètement du Yoga. Mais, des années plus tard, la reprise du yoga m’a aidé à surmonter les séquelles à un genoux, suite à un accident de vélo. 

Maintenant, le yoga m’accompagne pour mon bien être physique, psychique, spirituel. En complément, je m’initie à la marche nordique.

Daniel CAILLEMET - octobre 2023 -